L’unité Tamasheq est-elle un crime?

Publié le par letouareg.over-blog.fr

 

Nous déclarions dans un de nos article précédent que c’est la véritable et sincère « unité qui fera de nous un lion et non plus une souris.» S’il y à un point sur lequel la majorité de la jeunesse Tamasheq est d’accord, c’est bel et bien l’importance de l’unité. Sans cette unité nous ne pourrons pas nous distinguer des générations précédentes qui n’ont pas pu résoudre les problèmes de notre peuple. Abraham Lincoln, ancien président des Etats Unis d’Amérique déclarait qu’« une maison divisé contre elle-même ne peut tenir debout.» Afin d’éviter que nous nous écroulions comme nos devanciers, nous voudrions aborder ici l’une des plus grande entrave à l’unité sincère au sein de notre communauté.

La nécessaire prise de conscience

Publius Syrius nous enseigne que «c'est le cœur et non le corps qui rend l'union inaltérable.» L’union véritable dont CTU-Tumast parle est celle qui vient du cœur. Nous devons nous sentir fier du passé de nos ancêtres qui ont permis à notre culture de devenir l’une des plus belle et ancienne. Nous devons constater l’état de préoccupation, de tristesse, de déchirement dans lequel se trouve notre peuple aujourd’hui. Nous devons craindre le futur qui pourra mener à la disparition de notre culture. Ce sont ces constats qui doivent nous motiver à nous unir. Ce sont ces constats qui rendront l’unité la condition sine qua non à la survie de notre culture. Ce sont ces constats qui feront de cette unité une unité de cœur et non une unité corporelle. Ce sont ces constats qui rendront cette unité véritable. Appliquons le l’adage allemand qui dit que c’est la « nécessité qui unie les cœurs. » Unissons nos cœurs dans le seul objectif d’améliorer les conditions de vie de nos parents. Améliorons leur conditions de vie ne serait-ce qu’en leur permettant d’avoir le strict minimum leur permettant de vivre sans risque de mourir de soif et de faim.

Depuis la création de CTU-Tumast avec pour seul objectif l’unité véritable de la jeunesse Tamasheq, nous avons malheureusement reçu un certain nombre de rejet de la part de certains de nos frères et sœurs que nous souhaitons voir s’unir. Depuis la publication de notre article intitulé «Appelons nous Tamasheq, et non Tuareg» nous fument vilipender par un nombre grandissant mais toujours limité d’individus. Ces frères et sœurs voient apparemment mal tout ce qui appel à l’unité de la famille Tamasheq. Pour ces frères et sœurs appeler à l’unité de tous signifie être révolutionnaire, être autonomiste, être indépendantiste. Nous jugeons primordial d’expliquer à ces frères et sœurs qu’ils se trompent.

La vraie démocratie

L’article 20, alinéas 1 de la Déclaration universelle des droits de l'homme de l’ONU que l’Algérie, le Burkina Faso, la Libye, le Mali, et le Niger ont ratifiés établi que «Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques.» Au vu de cette loi suprême, applicable à toutes les nations qui l’ont ratifiés, et qui a un pouvoir supérieur même à celui de la constitution nationale, il n’est pas interdit de s’associer en restant dans la légalité, c’est-a-dire, en n’étant pas une menace à l’état de droit au sein des nations.

Au-delà même de cette charte il faut dire que les constitutions nationales ne nous empêchent aucunement de nous associer, de nous unir. En effet, l’article 4 du Titre Premier Des Droits et des Devoirs de la Personne Humaine de la constitution malienne par exemple établi que «Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience, de religion, de culte, d'opinion, d'expression et de création dans le respect de la loi.» L’article 5 continu en établissant que «L'Etat reconnaît et garantit, dans les conditions fixées par la loi, la liberté d'aller et venir, le libre choix de la résidence, la liberté d'association, de réunion, de cortège et de manifestation.» Ici également, nous voyons que l’association dans la légalité n’est pas mise en cause par la Mali dans sa loi fondamentale. Au contraire, l’état du Mali se donne même le devoir de reconnaitre et de garantir tout désir d’association et donc d’union au sein de l’étendue de son territoire national.

Donc nous voulons dire aux frères et sœurs qui nous vilipendent, l’unité sans effractions n’est point un crime au sens strict de la légalité en Algérie, au Burkina Faso, en Libye, au Mali, et au Niger. Au contraire, tous ses états ont le devoir de nous garantir cette liberté d’association. Si ces états s’octroient ce devoir de protection, pourquoi nous, nous jeunes Tamasheq dont les parents ont tant souffert et qui continue à souffrir, pourquoi allons-nous décidés contre toutes les lois et règlements que toute unité au sein de la communauté Tamasheq est un danger? Pourquoi voulons-nous être plus royalistes que le roi? Si nos états nous donne le droit de nous unir, de nous associer dès le moment où ne représentons pas un danger pour l’état de droit, pourquoi indexer tout individu qui parle de l’importance de l’unité comme étant un révolutionnaire, un autonomiste ou un indépendantiste?

Le vrai patriotisme

CTU-Tumast est évolutionniste. CTU-Tumast n’est ni révolutionnaire, ni autonomiste, encore moins indépendantiste. CTU-Tumast n’à pas la prétention de porter atteinte à aucun état de droit, encore moins à une unité nationale. CTU-Tumast souhaite juste voir une évolution dans la société Tamasheq dans son ensemble et sur le plan social, économique, culturelle, et éducatif. Notre seul désir est de permettre une fois pour toute à nos parents de ne pas mourir de soif et de faim. Notre souhait est que l’ensemble des Algériens, des Burkinabès, des Libyens, des Maliens, et des Nigériens découvrent la beauté de la culture Tamasheq. Notre souhait est de permettre aux régions dans lesquelles vivent les Tamasheq d’avoir des infrastructures sanitaires de base. Notre souhait est que lorsqu’une population Tamasheq est touchée par des catastrophes naturelles comme la sécheresse que le gouvernement en question fasse ce qui est de son devoir, c’est-à­-dire de porter assistance de manière efficace et efficiente à la population affectée. Ceci chers frères et sœurs, nous sommes convaincu que nous pouvons et devons le faire sans pour autant être taxé d’apatride et de révolutionnaire.

Nous comprenons que ceux qui souhaitent nous vilipender le font en se disant être des patriotes. A ceux-ci, nous disons qu’ils se trompent et qu’ils ne sont pas de réels patriotes. Un vrai patriote est celui qui aime sa nation et permet à sa nation d’avancer sur le droit chemin. Un vrai patriote est celui qui comprend comme Franklin Roosevelt que l’ «on mesure le niveau de notre progrès en fonction des actions faites en direction de ceux qui ont peu.» Celui qui renie ces progrès ne peut se taxer de patriotisme. A ceux là nous disons que nous sommes plus patriotes qu’eux. Contrairement à eux, nous voulons que nos pays vivent tous en harmonie. Nous voulons que l’ensemble des habitants de nos pays puissent tous avoir la possibilité de manger trois repas par jour, de s’éduquer, et d’avoir les mêmes chances de réussite. Nous voulons que tous les citoyens de nos pays aient ce que Barack Obama, premier président noir des Etats Unis d’Amérique,  appel «l’audace de l’espérance». Nous voulons que tous nos états fassent de sorte que les ressources nationales permettent à ce qu’il n’y a plus de populations vulnérables. Nous notons que parmi les citoyens de l’Algérie, du Burkina Faso, de la Libye, du Mali, et du Niger il y a des Tamasheq.

Etre inhumain

Nous voulons demander à certains frères et sœurs, qui nous vilipendent, ce qui fait que les Tamasheq contrairement à tout le reste du monde ont un traitement spécial. Qu’est ce qui nous différencie des autres peuples de la terre? Lorsque tous les peuples de la terre ont la possibilité de s’unir pourquoi nous nous devons rester divisés? Lorsque l’UNESCO appelle à la préservation des cultures en voie de disparition pourquoi nous nous n’avons pas le droit de nous unir afin de préserver notre culture? Pourquoi nous nous n’avons pas le droit de demander à ce que les groupes musicaux Tinariwen et Tamikrest (qui sont aujourd’hui globalement reconnus comme parmi les meilleurs en Afrique) soient montré à l’ORTM, la télévision public malienne? Pourquoi n’avons-nous pas le droit de demander à nous états de mettre en valeur notre culture de la manière que les autres cultures nationales sont mises en valeur? Es ce un crime de faire cela? Si c’est le cas, nous devons alors tout simplement oublier la culture Tamasheq et tout ce qui va avec et nous considérer dorénavant comme des Arabes, des Bambara, des Sonrhaï, des Haussa, des Zerma, des Mossi, des Français, des Américains, des Japonais etc. Si c’est vraiment le cas, nous pouvons tous commencé à oublier nos pères, nos mères, nos frères, nos sœurs, nos oncles, nos tantes, nos cousins, nos cousines, nos clans et tribus, qui finiront tous par mourir de faim et de soif dans l’anonymat et le silence du désert. Cher frères et sœurs c’est laisser tout ce peuple faire face à cette probable disparition qui est inhumain ; et non appelé à l’unité afin d’éviter cette extinction.

Ne pas vouloir changer le statu quo actuel est ce qu’il y a de plus inhumain. Rejeter l’unité par petitesse intellectuelle ou par souci de plaire aux non-Tamasheq est inhumain. Rejeter toute évolution au sein de la communauté Tamasheq est inhumain. Rejeter toute adaptation aux réalités actuelles est dangereux en soit et encore inhumain. Ne pas vouloir que la communauté Tamasheq devienne un lion et non une souris est inhumain. Ne pas vouloir donner au peuple Tamasheq les moyens de jouer sa partition dans l’essor économique, culturel, et social de l’Algérie, de la Libye, du Burkina Faso, du Mali, et du Niger est inhumain et absolument pas patriotique.

L’unité dans la diversité

Par l’unité de la jeunesse Tamasheq, il faut voir l’unicité de l’objectif final qui est la sauvegarde de la culture Tamasheq. Lorsque nous appelons à une véritable unité au sein de la communauté Tamasheq nous ne demandons pas aux uns et autres d’être des copies conformes d’une seule et même personne. Nous n’avons pas besoin de parler le même langage, d’avoir la même idéologie, ou de suivre la même voie afin de s’unir et de lutter pour le même objectif.

Soyons à l’image même de notre société avant la colonisation française. La nation Tamasheq était organisée en confédérations dont l’Ajjer, l’Ahaggar, l’Adagh, l’Ayir, le Grès, et le pays des Iwillimidan Kel Ataram et Kel Denneg entre autres. Ces différentes confédérations ont toujours été bien différentes entre elles. Au delà de leur différence elles partageaient quelques principes fondamentaux parmi lesquels la liberté, la culture Tamasheq. Conscient de cela, nous ne pouvons nous permettre d’inviter nos frères et sœurs à être des copies conformes en ignorant toute notre histoire. Ce que nous demandons c’est d’être comme nos ancêtres, d’être uni autour de ces mêmes principes fondamentaux, en ayant tous un seul objectif commun, mais tout en préservant nos différences propres.

Blaise Pascal, mathématicien et philosophe français du 17ème siècle déclarait «la multitude qui ne se réduit pas à l'unité est confusion; l'unité qui ne dépend pas de la multitude est tyrannie.» Appliqué à la jeunesse Tamasheq, ces paroles sages de Blaise Pascal nous rappellent d’abord l’importance de l’unité. Sans union, nous ne sommes qu’une souris. Sans union, nos diversités nationales, économiques, sociales, et académiques ne sont que confusion. Cette confusion est la même que celles que nos devanciers ont fait subir à l’ensemble de notre communauté. Cette confusion est celle là même qui pourra conduire à la disparition de notre culture. Cependant, l’unité qui renie toute diversité est dangereuse. L’unité au sein de laquelle un cercle réduit d’individu réclame le monopole de la vérité ne peut conduire qu’à la faillite et à la tyrannie. Réfuter les différences de la jeunesse Tamasheq en appelant en même temps à l’unité ne peut être un projet d’avenir viable et précipitera sans doute la disparition de notre culture.

Rien que l’unité

En somme chers frères et sœurs, nous serons jugés par l’histoire. Nos faits et gestes resteront dans les pages de l’histoire. Nos succès et nos échecs ne disparaitront pas avec nous. L’impact qu’on aura sur notre environnement dont la communauté Tamasheq aura des conséquences bien après que nous ayons quittés ce monde. Nous avons le devoir de ne pas continuer l’échec et la paralysie où chacun se soucie de ses intérêts personnels et au mieux à ceux de son clan. C’est cette paralysie qui met aujourd’hui notre communauté en danger. Nous devons mettre fin à cette paralysie en unissant autour des principes millénaires de notre communauté dont la liberté, et l’amour de notre culture. Si nous y arrivons, nous rentrerons dans l’histoire comme des héros qui ont pu faire bouger des montagnes et refaire de la communauté Tamasheq un lion et non plus une souris.

Comme nous indiquions précédemment cette unité ne sera point facile. Il faudra assez de sueurs pour l’atteindre. Mais elle est bel et bien atteignable. Nous savons qu’il est impossible que l’ensemble de la jeunesse Tamasheq fasse preuve de l’unité des cœurs. Ceci est évident comme dans toute société. Mais ce qui est bel et bien possible et qui doit se faire c’est que la majorité de la jeunesse s’unisse sincèrement. Pour que cette unité soit réelle, nous devons analyser en toute indépendance les raisons de l’échec de toutes les unions au sein de notre communauté depuis la pénétration de la colonisation française dans nos terres jusqu’aujourd’hui. Cette analyse ne sera point agréable, mais elle est nécessaire. Ceci voudra dire qu’il ne faudrait pas avoir des tabous et qu’il faudra appeler un chat un chat. Il ne sera pas agréable de juger l’action de nos ancêtres, de nos parents, de nos grands frères, mais elle est bien nécessaire. Il ne sera pas agréable de juger l’action de nos chefs tribaux, mais elle est bien nécessaire. Il ne sera pas agréable de remettre en cause nos actions actuelles, mais le faire est bien nécessaire. Ces analyses critiques sont nécessaires afin de nous permettre d’apprendre des erreurs de nos devanciers et de ne pas les refaire.

En conclusion chers frères et sœurs, nous voudrons souligner encore que CTU-Tumast n’est pas une organisation ayant la prétention d’être révolutionnaire, autonomiste, encore moins indépendantiste. Nous sommes convaincus qu’en appelant à l’unité de la jeunesse Tamasheq, nous faisons preuve d’un désir d’améliorer les conditions de vie de la communauté Tamasheq, donc d’évolutionnisme par rapport au terrible statu quo actuel. Nous devons arrêter de voir avec suspicion tout ce qui appel à l’unité. S’unir ne veut en aucun cas dire porter atteinte à une unité nationale. S’unir veut plutôt dire remplir ses devoirs de citoyens au sein des nations Algérienne, Burkinabè, Libyenne, Malienne, et Nigérienne. L’unité est ce qui nous permettra d’enrichir les nations Algérienne, Burkinabè, Libyenne, Malienne, et Nigérienne avec notre trésor jusque là caché et inexploité qu’est notre culture et le pouvoir qui va avec. Nous appelons à l’unité dans la diversité. Notre société n’a jamais été une copie conforme. Par conséquent, il est incohérent de vouloir tous penser, et agir de la même manière. L’unité que nous prônons est une unité d’un ensemble différent de participants qui ont un objectif similaire mais qui n’empruntent pas forcement la même voie pour atteindre cet objectif.

 

Ecrit pa CTU - TUMAST

Publié dans Actualité

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